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La première fois que j’ai vu le travail d’Alain Lacki, j’ai été happée, embarquée dans un voyage qui va bien au-delà de la simple esthétique. Sous l'apparence d'un imaginaire débridé et ludique se cache un fort sentiment d'humanisme fragilisé, le message est bien au centre de sa création : une fragile libellule qui n’en est pas une, une jeune femme recouverte d’une couverture d’eau… C'est evidemment très beau, mais aussi très expressif de la mince armure de verre qui nous protège des autres. Alain, dans sa nouvelle série "Chimères" ne s'en cache plus, il affonte nos démons et s'en donne à coeur joie ! 

Je dirais que « Chimères » est probablement son écriture photographique la plus mature car elle est la somme de ses apprentissages et influences diverses. De façon évidente, Magritte a la présence d’un ange gardien dans la construction de ses photographies, juste mesure entre illusion et réalité d’une vision éphémère où l’humour subtil parfois sarcastique est continuellement présent. Deux autres grands maitres que sont Helmut Newton et David Lachapelle aux styles radicalement opposés ont une empreinte évidente dans la maturité dont je parlais à l’instant. 

Techniquement parlant, la méthode est terriblement efficace. Des dixaines d'années d'expérience de la pellicule argentique, de ses qualités et de ses limites, ont forgé l'Âme de la sensation recherchée par Alain Lacki. La manipulation est subtile et poétique, la restitution est sensible et vraie. Le laboratoire Picto réalise ses tirages depuis des années. Il a longtemps utilisé le papier argentique Kodak Endura metallic pour les tirages hauts en couleur de ses séries caribéennes mais il lui préfère aujourd’hui les papiers fine art Hahnemühle pour leur rendu exceptionnel en noir et blanc notamment et leur longévité exceptionnelle.

Sophie Verchère, mars 2022.